Urban Farmers en Suisse

par | Jan 1, 2016 | Hydroponie | 0 commentaires

Juste après le colloque APIVA de La Canourgue, nous avons continué la route jusqu’en Suisse, direction Bâle!

J’ai déjà mentionné sur notre page Facebook l’impact qu’avaient eu les Lufa Farms sur la création des Sourciers et en particulier le TEDx de Mohamed Hage. Aujourd’hui en France l’agriculture urbaine est sur toutes les lèvres mais il y a quelques années c’était juste une poignée de freaks comme nous. Alors à l’époque cette vidéo m’a donné confiance en moi et en notre projet : nous n’étions pas seuls.

Et du coup pour moi les Urban Farmers c’est un peu les Lufa Farms d’Europe.

Ils ont eu le culot de se lancer avant tout le monde, ils ont fait les choses très bien et donc ça marche et ça inspire des milliers de personnes en Europe et ailleurs. Pour ne rien gâcher, cerise sur le gâteau, ils ont de belles valeurs et sont très sympas.

Andreas étant très pris par les nouveaux projets, on a été reçu par Christophe, greenhouse manager à Bâle et petit génie des plantes et des poissons. Nico l’a dit et répété sur le chemin du retour : «Este chabon la tiene re clara!»

À Bâle la serre est un démonstrateur, on produit et on vend toute l’année, tout comme dans une serre traditionnelle. Ils organisent aussi des visites guidées au public, mais pas que.

C’est aussi un lieu de tests et d’expériences : en permanence on compare systèmes hydroponiques, variétés de plantes, outils de mesure et automatisation, etc.… La serre est vraiment high-tech, l’environnement est contrôlé avec des capteurs et toutes les données sont soigneusement recompilées et analysées. Rien n’est laissé au hasard.

Ils ont la capacité d’ajuster les 2 systèmes (poissons et plantes) en même temps ou séparément en utilisant différents sels minéraux spécifiques à chaque culture; comme l’hydroxyde de calcium pour le pH du système des poissons et fer chélaté pour le système des plantes. Du côté hydroponie ils utilisent un software très complet en données où on peut trouver les différentes compositions de solutions nutritives nécessaires à chaque type de plante cultivé. Une analyse de l’eau est faîte de manière hebdomadaire et ils ajustent celle-ci à la mole près pour que la solution soit parfaite et que les plantes développent le maximum de leur potentiel génétique.

C’est très différent de notre serre où tout est fait « à peu près » avec une EC et un pH qui varient allègrement. Les plantes ne s’en plaignent pas, on a beaucoup de chance de ne jamais avoir eu beaucoup de pertes. Mais c’est clair que pour pouvoir faire des tests et des mesures c’est quand même mieux d’avoir des données stables. Et puis contrairement à notre modèle actuel, leur système doit être productif puisque l’idée c’est de vendre le modèle avec des données de productions qui soient intéressantes pour les futurs acheteurs. La rigueur est donc de mise.

 

Ce que j’ai beaucoup aimé dans l’image que j’ai eu d’Urban Farmers c’est cette humilité malgré tout ce qu’ils ont réussi à mettre en œuvre. Cette façon de dire qu’il reste encore tellement de choses à découvrir et de mener des recherches nécessaires pour trouver des améliorations en permanence.

Ça m’a fait pensé à l’interview de Sebastian Figueron, Directeur d’une entreprise hydroponique depuis près de 15 ans en Uruguay, qui lorsque je lui ai demandé si l’hydroponie était l’agriculture du futur m’a répondu qu’il ne pensait pas non. « Que l’hydroponie était peut-être le pont vers l’agriculture du futur, mais que celle ci serait probablement très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. »

On a aussi senti que produire local pour eux c’était plus qu’une stratégie commerciale, c’était tout d’abord une évidence, et en parler autour d’eux pour sensibiliser les gens sur l’origine de leurs aliments c’était une mission.

Actuellement ils travaillent sur un nouveau projet à la Haye : UF De Schilde. Une serre est en construction sur le toit d’ancienne usine Philips. La surface de production sera de 1900m2 pour un total estimé de 45 tonnes de légumes et 19 tonnes de tilapias par an. Ambitieux mais après cette visite on y croit. Et on est vraiment content que ce soit eux qui montrent l’exemple en matière d’agriculture urbaine, avec des produits frais, mûrs, sains et très nutritifs.

Ils cadrent complètement avec nos valeurs d’agriculture moderne, respectueuse de l’environnement et des personnes. Et on est vraiment content de les avoir rencontrés pour nous aider au travers de nos petites vidéos, à faire (re)découvrir l’hydroponie et l’aquaponie au grand public.