Maraîchage sur Sol Vivant (MSV), pourquoi s’y intéresser ?
Il y a peu, Marion a pris la parole sur notre blog, la Ferme de Cagnolle, pour définir la différence entre l’hydroponie, la bioponie et l’aquaponie. Une distinction bien utile, car ces sujets nous ont toujours intéressé et nous avons nous-mêmes tenté à plusieurs reprises de produire nos légumes grâce aux cercles vertueux permis par l’aquaponie. Pour reprendre la synthèse de Marion, les déchets des poissons minéralisés par des bactéries pour nourrir les plantes, ça a tout du génie !
BENOÎT LE BAUBE
Aquaponie et sol vivant : la vision qui nous unit 😇
Mais en parlant de génie, connaissez-vous celui du sol vivant ?
Si vous suivez la chaîne Youtube des Sourciers, vous en avez peut-être déjà eu un aperçu dans la vidéo 3 astuces pour un potager en MSV.
Depuis 10 ans, sur la Ferme de Cagnolle, nous développons des techniques de maraîchage qui ont éradiqué tout travail du sol, pour favoriser le développement de la vie qui s’y trouve et d’un écosystème favorable à nos cultures.
Le parallèle nous a frappé : entre l’aquaponie et le sol vivant, ce qui rapproche nos deux méthodes c’est le respect d’un équilibre naturel complexe, permis par la compréhension des mécanismes qui l’anime. En aquaponie, vous devez faire preuve de rigueur pour contrôler les paramètres de l’environnement que vous créez : température, taux d’oxygène, dimension des filtres, pH…et comprendre les conséquences de vos intrants et actions pour maîtriser tout ça.
Pour faire du sol vivant, c’est un peu la même chose : il faut s’intéresser à ce que mange un ver de terre, il faut découvrir le rôle des champignons et leur symbiose avec les racines – qu’on nomme les mycorhizes – ou il faut ressortir ses cours de chimie pour parler non seulement du pH mais aussi de Carbone, d’Azote (le fameux rapport C/N) et de la meilleure forme chimique de nutrition de la plante… Mais rassurez-vous, on ne va pas vous parler de tout ça ici ! Si ces connaissances approfondies vous intéressent, n’hésitez pas à vous inscrire à l’une de nos formations.
Le recyclage : la clé de la fertilité
Dans une logique permaculturelle qui s’inspire des cycles de la nature, les itinéraires que nous développons sur la Ferme au fil de nos expérimentations s’attachent à maintenir et même à enrichir la fertilité de nos sols. Au coeur du maraîchage sur sol vivant (MSV), un concept-clé s’impose : le recyclage. Un peu comme en aquaponie si on considère que les déchets des poissons sont recyclés en nourriture pour les plantes 🙂
Mais qu’est-ce qu’on recycle alors ? Et bien de la matière organique, et principalement des déchets verts, riches en carbone. On apporte régulièrement sur notre sol une couche de broyat de bois, que l’on se procure auprès des déchèteries locales ou des élagueurs et paysagistes. Les branches de votre haie de thuyas se retrouvent peut-être sur nos planches de cultures !
Ce broyat est une nourriture de choix pour les champignons, puis les bactéries du sol qui vont attirer tout un tas de prédateurs, dont les précieux vers de terre. Ceux-ci aèrent et structurent le sol grâce à leurs galeries, le rendant poreux et bien adapté pour que les racines des plantes s’y faufilent. Ils sécrètent aussi un mucus très riche en azote, miam ! Les plantes n’ont plus qu’à se servir. Les processus de décomposition du bois broyé par tous ces micro et macro organismes de la vie du sol créent ainsi un humus qui enrichit la terre et la rend fertile pour plusieurs années, grâce à un taux de matière organique élevé. C’est ce qu’on a appelé l’agro-recyclerie !
Regardez plutôt la taille et les rendements de nos légumes sur sol vivant :
Les principes de la culture sur sol vivant 🌱
- Ne pas travailler son sol
Le travail du sol – entendez par là le labour avec des outils manuels ou motorisés – détruit la vie du sol : champignons, vers de terre… personne n’a sa chance face à votre motoculteur ! Laissez-les oeuvrer en paix car ils travaillent pour vous jour et nuit à créer une terre riche et fertile, parfaite pour la croissance de vos plantes.
- Ne jamais laisser son sol nu
Un sol nu s’assèche, se tasse et expose à la dureté des éléments la vie bactérienne, la faune et la flore qui s’y trouvent. Un sol protégé est un sol couvert ! Toutes les plantes qui y poussent créent une biomasse que vous pouvez ensuite couper et réintégrer dans votre sol pour alimenter le cycle vertueux de l’agro-recyclerie.
- Apporter de la matière organique fraîche pour nourrir son sol
Chaque année, apportez de la matière organique sur votre sol pour nourrir toutes les bêtes qui s’y trouvent. En fonction de ce que vous avez sous la main : broyat mais aussi fumier pailleux, copeaux ou sciure de bois, charbon, compost… de nombreuses matières sont utiles au jardin, ne les jetez pas, recyclez-les !
À propos de l’auteur 🙂
Benoît le Baube s’est installé sur la Ferme de Cagnolle, en Dordogne, il y a plus de 10 ans. Il expérimente le maraîchage sur sol vivant dont il a fait son métier et partage ses échecs et ses réussites dans sa chaîne youtube et sur son blog.